lunes, noviembre 27, 2006

-El botellón- La fin d’une pratique et d’un concept typiquement espagnol

Botellón, cela vous dit-il quelque chose ? Ici c’est un concept populaire connu de tous, pratiqué surtout par les jeunes. Le botellón est en fait un rassemblement de jeunes dans un endroit de la ville pour boire. Mais attention, la procédure n’est pas si primitive que ça et il existe tout un protocole. Tout d’abord, on ne boit pas à la bouteille, les verres en plastiques sont nécessaires et le sac de glaçon aussi. Ainsi chaque groupe à ses bouteilles de jus de fruit et d’alcool et font les mélanges dans les verres sans oublié la touche finale avc les glaçons. Il paraît qu’à Séville, la cousine bourgeoise de Grenade, les gens rivalisent d’originalité avec la forme des verres en plastics.
Chaque semaine donc, des milliers de jeunes se retrouvent sur une place, dans la rue pour se prêter à cette coutume étrange. J’en ai fait un il n’y a pas longtemps à Grenade et c’est assez impressionnant. Il y a des milliers de personne dans une même rue par groupe de pote et tous sont bien habillés. En fait, le botellón serait comparable à un apéro français (car ici ce concept n’existe pas) sauf qu’au lieu de se dérouler chez des amis il se fait dehors avec des bouteilles achetées en grande surface ce qui revient moins cher que de consommer dans un bar. La plupart du temps, le botellón n’est pas une fin en soit mais une manière de commencer la soirée et de retrouver ses amis. D’ailleurs ce qui m’a semblé étrange, c’est que les jeunes se rassemblent tous au même endroit pour le botellón mais reste en groupe d’amis et finalement ne vont pas faire connaissance avec les autres. Le but n’est donc apparemment pas de faire des rencontres. Le phénomène de botellón aurait été très intéressant à analyser d’un point de vue anthropologique.
Le botellón est-il un rite de passage de la jeunesse espagnole ? A première vue, on voit déjà que les manières de boire sont différentes et rien de ce que j’ai pu observer ne s’apparente à mon travail de terrain sur le bar que j’ai étudié l’année dernière (pour les mauvaises langues qui pensaient que ce n’était qu’une excuse pour boire des coups, vous voyez, vous vous êtes trompées ! ;-) ). J’espère que d’autres anthropologues prirent la décision avant moi d’analyser ce fait social car malheureusement celui-ci disparaîtra dans deux jours. Déjà interdit depuis quelque temps voire quelques années dans le reste de l’Espagne, l’Andalousie était la seule à conserver ce trait culturel du botellón. Malgré tout l’année dernière, il y eut un concours de botellón à travers tout le pays et c’est Grenade qui le remporta avc 50 000 participants. Ce dimanche aprèm, les dernières botellón se célébrèrent dans toute l’Andalousie, de Séville à Cadiz en passant par Cordoue, Malaga et Grenade.
Les semaines qui suivent serviront à informer les jeunes qu’il est désormais interdit de consommer de l’alcool dans la rue (sauf dans une zone bien spécifique de la ville) et à partir de décembre les sanctions commenceront à tomber. En fait, le botellón est quelque chose de tellement culturel et quasiment institutionnalisé qu’il était impossible de l’interdire totalement. De ce fait, la Junta de Andaloucía a pris l’initiative de construire un Botellódromo (je parle du cas spécifique de Grenade, autre part je ne sais pas ce qu’il en est). Quel nom étrange !!! La langue espagnol s’enrichit d’un nouveau terme inexistant jusqu’à maintenant : botellódromo. Le terme a bien fait rire ma prof d’espagnol quand j’ai fait ma présentation orale sur l’article concernant la loi antibotellón. La construction de ce botellodrome s’achèvera mi-janvier et pourra accueillir 20 000 personnes. Il est localisé en dehors du centre ville, les citadins pourront enfin dormir en paix…
Un lieu pour les jeunes, du silence pour les vieux. Le botellódromo n’est finalement qu’une manière de plus de mieux contrôler et surveiller par l’intermédiaire d’un lieu désormais fixé et d’horaires imposées. Pour couronner le tout, la construction se fait dans une zone normalement déclarée zone verte, zone écologique, zone inconstructible mais bien sûre, cela n’affecte pas les associations de voisinage, trop contentes de retrouver la tranquillité de leur quartier. Bien dormir c’est plus important que l’écologie.
Bref, et pour finir, l’entrée en vigueur de la loi antibotellón et de ce fait l’apparition du botellódromo, est un exemple concret de comment se transforme et évolue un fait social et culturel. Du botellón nous passons au botellódromo, changement qui impliquera sans doute de nouvelles pratiques.