miércoles, octubre 18, 2006

Un jour normal à Grenade

Un petit post sur la vie de tous les jours à Grenade.
En fait un jour à Grenade est toujours une surprise pour la petite française que je suis. Même si des fois je me pose des questions, c’est bien en Espagne que je suis partie et non en Papouasie Nouvelle-Guinée et l’Espagne possède même une frontière avec notre pays !
Ici, il faut tout d’abord s’habituer aux horaires. Par exemple, c’est toujours quand on sort faire les courses que les magasins sont fermés. Au bout de la troisième fois qu’on va à la poste alors que celle-ci est fermée, qu’on va faire des photocopies et que là encore rien n’est ouvert, on finit par enregistrer que de 14h30 à 17h seuls les chats sont dans la rue (et les touristes, ils sont nombreux). Les espagnols sont eux introuvables, probablement au plus profond de leurs rêves à l’occasion d’une sieste sans aucun doute bien méritée. A l’université c’est la même chose, mise à part la bibliothèque qui fort heureusement reste ouverte en continue la journée, inutile d’essayer d’aller faire des photocopies ou d’aller en salle informatique à ces heures là. D’ailleurs à la fac, les photocopieuses ne sont pas en libre service. Il faut faire la queue puis présenter à la gentille petite dame les feuilles que l’ont veut photocopier. Faire la queue en Espagne, c’est quelque chose de culturel. Attendre aussi. Puisque les gens sont constamment en train d’attendre ou de faire la queue (rappelez-vous mes 8 heures d’attente sur plusieurs jours pour mon inscription à la fac !) ils discutent, bavardent, font connaissance. De toute façon, ils ne sont jamais pressés. Ca aussi c’est une chose à laquelle il faut se faire, personnellement j’ai un peu de mal. Lorsqu’on est dans un magasin, il y a forcément la queue à la caisse (les espagnols sont des acheteurs compulsifs, si si j’ai vu ça aux infos tout à l’heure !!!) et les caissières prennent le temps, papotent en feignant de t’ignorer alors que ça fait plus de 10min que tu poirotes le bras tendu l’article à la main.
Pour prendre le bus, c’est aussi toute une aventure, surtout quand c’est le matin, qu’on part à la fac et que le premier cours débute dans une heure. Actuellement, trouver les arrêts de bus dans la ville relève du jeu du chat et de la souris. Avant-hier mon petit arrêt de bus préféré m’attendait bien sagement au coin de la rue et ce matin impossible de le trouver. Vos pensées sont si fortes que je peux les traduire : « Ba dis-donc la petite elle ne devait pas être très fraîche ce matin ! ». Pourtant si, j’étais bien réveillée mais ils ont tout simplement décidé d’enlever l’arrêt de bus pendant la nuit. Il y a d’autres endroits où les arrêts de bus ont disparu et quand on a un doute quant à l’endroit où se prend le bus, il suffit de s’arrêter là où une fois de plus les gens font la queue, attendent. Inutile de consulter les horaires avant de sortir de chez soi pour être pile là au moment où le bus va passer. Il n’existe pas d’horaire de bus. Alors il faut se pointer et avec un peu de chance un bus passera peu de temps après… Comme la ville est en travaux, (ce qui explique probablement la soudaine disparition de tous les arrêts de bus) il est extrêmement difficile de circuler et le bus peut tout aussi bien mettre 20 min comme 1h15 pour aller à la fac. Bref, tout ça n’est pas très pratique pour être à l’heure en cours, l’unique solution consiste à s’y prendre suffisamment à l’avance pour encore une fois attendre à la fac plutôt que d’arriver en retard. Esperar, je commence à comprendre pourquoi les espagnols n’ont qu’un seul et même verbe pour signifier attendre et espérer…

Une fois qu’on commence à comprendre le fonctionnement des bus et qu’on adopte une stratégie adéquate, on peut enfin arriver à l’heure en cours, s’asseoir sur une chaise en respirant un bon coup en se disant que le plus dur est maîtrisé. Malheureusement là aussi il faut observer et comprendre. A chaque nouveau cours on doit se présenter avec une petite feuille de renseignement qui a été au préalable retirée à la conciergerie (encore un des innombrables lieux où il faut faire la queue). Sur cette feuille, photo obligatoire, lieu de naissance à mentionner, numéro de passeport aussi… Le numéro de passeport ou celui de la carte d’identité est indispensable ici, même quand il s’agit d’acheter un livre à la librairie de la fac ou de s’inscrire à la bibliothèque universitaire. Va-t-on s’avoir pourquoi… Comprendre le fonctionnement de la fac relève d’un exploit et lorsqu’on pense avoir compris que les programmes des cours ainsi que toutes les lectures obligatoires sont à retirer à la photocopieuse, on se retrouve en face d’une petit dame qui nous demande tout sourire 5 euros en nous tendant une pile de feuille de 10cm d’épaisseur. En fait, pour chaque cours il faut aller acheter le programme et les lectures photocopiées obligatoires dans n’importe quel magasin de photocopie du campus.
La vie d’étudiant ne manque pas de surprise mais elles peuvent parfois se révéler plutôt agréables. J’ai par exemple toujours à l’esprit les 600 élèves de première année d’Anthropologie à Lyon, répartis sur 3 amphis surchargés, devant s’asseoir sur une marche d’escalier là où il reste de la place pour suivre le cours. A Grenade je n’ai jamais cours dans un amphi et les classes ne comptent jamais plus de 30 élèves. Alors qu’à Lyon les professeurs priaient pour que les amphis se vident au cours de l’année, ici ils supplient les élèves de rester. Véridique, une fois un élève est arrivé en retard en cours et comme la prof lui avait fait une remarque celui-ci lui a répondu que si elle ne voulait pas de lui il pouvait partir et c’est la prof qui l’a supplié de rester ! Il y a encore une chose à laquelle j’ai du mal à m’habituer, c’est quand les élèves tutoient les professeurs, du genre : « Hey Carmen tu peux répéter s’il te plait j’ai pas eu le temps de noter !» ou bien « regarde Carmen, nous t’avons noté notre sujet d’exposé sur la feuille. ». Chaque jour est donc une opportunité de plus d’exercer mon regard d’apprentie anthropologue en notant les différences culturelles et en essayant de les comprendre.

Sur ce je vais aller me coucher, ce qui serait un véritable exploit étant donné que les aiguilles de ma montre n’ont pas encore dépassées les minuits. Le rythme espagnol est particulièrement rude lorsque l’on en n’a pas l’habitude et malgré une invitation à faire la fête dans les montagnes cette nuit, j’ai préféré rester tranquillement à la maison pour essayer d’atténuer mes cernes qui sont déjà bien creusées. Quand on a proposé l’invitation dans la montagne à une fille, celle-ci nous a dit que le jour était particulièrement bien choisi et elle nous a expliqué qu’aujourd’hui était un jour spécial car à partir de 17h jusqu’au lendemain se sont les heures de l’année où se dégage le plus d’énergie et que par conséquent cette période est propice à la réunion spirituelle et à la réflexion ce que vont faire des millions de gens dans le monde. Encore une théorie d’illuminée comme il y en a tant ici. Grenade est le paradis des hippies et des marginaux, il n’y a d’ailleurs que dans cette région qu’il est possible d’étudier à la fac l’anthropologie des marginaux. Bref, je ne sais pas si en ce moment les gens sont en réunion spirituelle à la montagne mais en ce qui me concerne j’ai profité de ces heures si particulières pour capter les énergies les plus fortes et les plus positives pour me mettre en cuisine (quiche lorraine et gâteau) et vous raconter ma vie de tous les jours à Grenade !

Bonne nuit

1 Comments:

Anonymous Anónimo said...

je vois que la vie à Grenade est folklorique ! je retrouve certains traits caractéristiques de l'Italie, c'est rigolo, on pourait faire une étude comparative :)
Très bon post, il donne une idée de ce que doit etre ta vie là-bas .

miércoles, 18 octubre, 2006  

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